Périphrases et euphémismes
La périphrase[1] consiste à remplacer un mot par sa définition ou par une expression plus longue et équivalente.
Par exemple, dire la capitale des Gaules pour dire Lyon.
L'euphémisme[2] consiste à employer une périphrase pour atténuer la brutalité que présenterait le mot « propre ».
Par exemple, dire mal voyant pour dire aveugle, ou longue maladie pour dire cancer.
Exemple :
Très souvent dans les textes de presse, les journalistes emploient des périphrases pour varier leur expression. Le linguiste Marc Bonhomme, spécialiste des figures, donne ainsi ces exemples tirés du discours de presse :
L'intervention de l'armée croate en Slovénie a entraîné l'exode massif de la population serbe. (Le Monde du 15-04-1994) → intervention est utilisé pour dire guerre
Les tribunaux administratifs prononcent chaque année 25000 mesures de reconduction aux frontières. (Le Figaro du 05-04-1993) → reconduction aux frontières pour dire expulsions
Les dommages collatéraux sont fatalement inhérents à ce type d'opération effectuée à une haute altitude. (VSD du 30-04-1999) → dommages collatéraux pour dire destructions
Dans les discours politiques, les euphémismes sont parfois présents pour faire écran à la réalité. Marc Bonhomme donne cet exemple :
L'agence Chine Nouvelle annonce : « Les dirigeants de la secte Falungong sont actuellement dans des centres de rééducation ». (L'Express du 12-08-1999). L'agence Chine Nouvelle fait référence aux camps d'internement chinois, tristement célèbres. L'euphémisme[2] centres de rééducation – contrairement aux trois exemple ci-dessous – est moins employé pour atténuer la réalité que pour sous-informer sur la réalité évoquée.
Conseil :
Dans vos écrits, vous pouvez recourir à des périphrases ou à des euphémismes (socialement admis) en veillant à le faire de manière consciente. En effet, une périphrase, même si elle désigne la même réalité que le nom simple, déplace toujours un peu le point de vue que l'on donne sur une réalité.
Simulation :
En guise d'exemple, retrouvez les villes, pays ou lieux que désignent les périphrases suivantes et essayez d'apprécier les nuances que ces périphrases apportent (listes issues de Les mots. Origine, formation, sens[3] de Danièle Dumarest et Marie-Hélène Morsel) :
La capitale des Gaules, la cité des Doges, la cité des Papes, la Ville rose, la cité Phocéenne, la Cité interdite, la Ville Lumière, la Ville éternelle, la Venise du nord, la Ville sainte, la Sérénissime.
La Perfide Albion, l'Empire du Soleil levant, le Nouveau Monde, l'île de Beauté, la grande Bleue, le Céleste Empire, la terre des dieux, la terre des Pharaons, le Toit du monde, l'Empire du milieu.
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