Les mots qui se ressemblent : les homonymes
Définition : Les mots qui se ressemblent : les homonymes
Les homonymes[1] sont des mots qui s'écrivent ou se prononcent de la même façon, sans pour autant avoir la même signification.
Par exemple, air, aire, ère et hère se prononcent de façon identique (ce sont des homophones[2]), mais ces mots désignent à la fois un mélange gazeux (air), une surface (aire), une époque (ère), un malheureux (un pauvre hère).
On peut ajouter que le mot air peut désigner un mélange gazeux, une expression du visage, ou une mélodie : on dit que les différents air sont des homographes[3]. De même, hère peut désigner un malheureux et un jeune cerf. Ce sont aussi des homographes[3].
Polysémie ou homonymie ?
Les mots homonymes[1] présentent des sens différents et sans lien entre eux : il n'y a donc pas de relation sémantique entre des mots homonymes[1]. Par exemple, terme au sens de « fin » (mettre un terme à) et terme au sens de « mot » (c'est un terme du langage courant). Ce sont deux mots différents.
Un mot polysémique[4] est un mot qui présente plusieurs sens possibles. Par exemple, terme aux sens de « fin » (mettre un terme à) et de « somme à payer à une certaine échéance » (payer son terme). Il n'y a qu'un seul mot.
Sur le plan théorique, homonymie[1] et polysémie[4] sont donc deux phénomènes très distincts.
Exemple : Prenons un autre exemple : « hère »
Si vous consultez un dictionnaire, vous vous apercevez qu'il y a deux entrées (ou deux articles) pour le mot hère : (1) l'homme très misérable, (2) un jeune cerf.
Les sens de ces mots sont très éloignés, ils n'ont même rien à voir et les dictionnaires les traitent donc comme des homonymes. Leur histoire le prouve d'ailleurs : hère au sens 1 a un origine obscure, les linguistes spécialistes d'étymologie pensent qu'il vient de l'ancien adjectif haire (« tourment, douleur, peine ») et hère au sens 2 serait un emprunt du néerlandais hert « cerf ». Les origines diverses de ces mots montrent donc que ces mots ne sont pas les mêmes, même si leur forme est la même. Ce sont donc des homonymes[1].
Exemple : Qu'en est-il pour le mot « air »?
Si vous ouvrez le dictionnaire, là encore, vous trouvez en général trois entrées, parce que le mot air a des origines différentes : air au sens 1 de « mélange gazeux » vient du latin aer, aeris ; air au sens 2 de « manière d'être, expression » est un emploi figuré du précédent et air au sens 3 de « mélodie » est un emprunt[5] à l'italien aria. Si donc air au sens 1 et air au sens 3 ne sont pas les mêmes mots, que dire de air au sens 1 et de air au sens 2 ? Doit-on les considérer comme un seul et même mot polysémique[4], ou comme deux mots homonymes[1] ?
Les dictionnaires ont tranché en prévoyant trois entrées : ils les traitent donc comme des homonymes[1], c'est-à-dire des mots qui se prononcent et s'écrivent de la même façon, mais qui n'ont pas le même sens.
Complément : Un mot polysémique ou deux mots homonymes ?
Parfois, les dictionnaires ne font pas ce choix : ils considèrent que l'emploi figuré fait partie du sens global du mot. Ainsi, si vous cherchez le mot canard dans le dictionnaire, vous ne trouverez qu'une seule entrée pour des sens très divers : oiseau palmipède, et « par analogie », note manquée par un musicien (un couac), un mauvais journal et même une fausse nouvelle (d'où le titre ironique et par autodérision « Le Canard enchaîné »
). Il est donc traité comme un mot polysémique.
Remarque :
La polysémie[4] est un phénomène qui se produit dans le discours (par l'usage des mots que des locuteurs en font) et prend ses racines dans la langue (le système de vocabulaire appris par les locuteurs et dans lequel ils viennent puiser les mots pour produire leur discours). La polysémie fait l'objet de nombreux travaux de linguistes et de lexicologues.