Les antanaclases
Définition :
Lorsque, dans une même phrase, on utilise deux fois le même mot, avec les sens propre et figuré ou deux sens figurés, on fait une antanaclase[1].
Cette figure est particulièrement appréciée lorsqu'on veut créer des formules, des slogans, ou des énoncés poétiques ou ludiques.
Par la répétition (avec variation de sens), cette figure produit toujours un effet argumentatif ou séducteur fort. Vous pouvez l'utiliser dans vos écrits pour ramasser une idée force en peu de mots et permettre à votre lecteur de mieux mémoriser ce que vous voulez dire. Mais attention à ne pas la sur-employer, car vos écrits pourraient passer pour superficiels.
Exemple :
En voici un exemple pris dans la publicité :
« Avec nos imprimantes, la qualité d'impression fait toujours impression. »
Le premier emploi du mot impression renvoie à l'action de reproduire sur un support de papier des caractères ou des images, tandis que le second emploi désigne un état psychologique produit par la perception d'un objet.
Cette figure est bien connue des communicants et des publicitaires, car elle permet toujours de créer des formules-chocs, comme encore dans l'exemple suivant (publicité Nivea, cité par Marc Bonhomme) :
« S'exposer au soleil sans s'exposer au pire. »
Voici un dernier exemple d'antanaclase[1] bien employée, tiré du « Discours sur le colonialisme »
(1955) d'Aimé Césaire (cité par Marc Bonhomme) :
« L'Europe est indéfendable. Il paraît que c'est la constatation que se confient tout bas les stratèges américains. En soi cela n'est pas grave. Le grave est que l'Europe est moralement, spirituellement indéfendable. »
Dans cet extrait, le premier indéfendable a un sens géopolitique (« impossible à défendre militairement »), puis un sens moral (« impossible à défendre moralement »). Convoquer ces deux sens avec un mot identique donne au discours de Césaire une grande densité informative et une grande force pour affirmer le comportement négatif de l'Europe à cette époque.