Premier groupe : verbes à deux bases
Les désinences du 1er groupe sont très régulières (ce sont toujours les mêmes pour tous les verbes de ce groupe).
En revanche, quelques difficultés adviennent parfois pour les bases de ces verbes.
Les verbes en –cer et –ger : plaçons et mangeons
Un premier cas est assez simple.
Prenons un verbe comme placer. Si nous appliquons mécaniquement les désinences sur la base, voici ce que nous obtiendrons :
je place, tu places, il place, nous placons, vous placez, ils placent.
Comment alors prononcerait-on placons ?... comme plaquons. Pour éviter cela, on place une cédille sur le c de tous les verbes en –cer à la P4 : nous plaçons, nous enlaçons, nous glaçons...
Le même problème est soulevé par les verbes en –ger comme manger, qui donnerait mangons à la P4. Pour que le g se prononce [ʒ] et non [g], comme aux autres personnes, on ajoute un e, ce qui donne : nous mangeons, et pour d'autres verbes en –ger : nous échangeons, nous nageons...
Variation dans l'accentuation de la base : e, è et é
Alternance è/é
Observons le verbe régler : le e de la base se prononce [ε] aux P1, 2, 3 et 6 (je règle), mais [e] aux P4 et P5 : nous réglons.
Comme vous pouvez le voir, cette différence de prononciation est tout simplement marquée à l'écrit par l'accent, avec une alternance entre l'accent grave (è) et l'accent aigu (é).
Sont concernés par cette variation des verbes comme : considérer (je considère / nous considérons) ; compléter (je complète/nous complétons), pénétrer, répéter, révéler...
Alternance e/è
Ce cas, depuis la réforme de l'orthographe de 1990, est aussi assez intuitif. Prenons un verbe comme semer. On ne prononce pas la base de la même façon aux P1, 2, 3 et 6 (je sème) et aux P4 et P5 (nous semons). En effet, le e, qui se prononce [ə] (comme dans fenêtre) aux P4 et P5, s'ouvre en [e] quand la syllabe suivante contient un e muet.
Cette différence de prononciation est tout simplement marquée par l'accent grave aux P1, 2, 3 et 6.
Sont concernés par cette variation :
des verbes comme : achever (j'achève/nous achevons) ; lever (je lève/nous levons) ; mener, peser...
presque tous les verbes en –eter et en –eler : geler (je gèle/nous gelons), atteler (j'attèle/nous attelons), harceler, déceler, congeler, peler, déceler... ; acheter (j'achète/nous achetons), feuilleter (je feuillète/nous feuilletons), haleter, cacheter...
Attention : Mais il y a une EXCEPTION !
Les verbes appeler, jeter et leur famille ne marquent pas la différence de prononciation en changeant d'accent... mais en redoublant la consonne qui suit. Ce qui donne : j'appelle, tu appelles / nous appelons, vous appelez ; je jette / nous jetons.
La famille de ces verbes se comporte de la même façon : j'interpelle / nous interpelons ; je rejette / nous rejetons.
Remarque :
Avant les Rectifications de l'orthographe de 1990, la majorité des verbes en –eter et –eler redoublaient leur consonne, sauf un certain nombre d'exceptions comme peler, ciseler, geler, marteler, peler, receler, déceler et quelques autres.
C'est maintenant la variation d'accent qui est la norme, à laquelle seules les familles de jeter et appeler font exception, parce que ces verbes sont très fréquents et que l'on a trop pris l'habitude de redoubler la consonne pour la modifier...
Enfin, interpeler s'aligne maintenant sur appeler, alors qu'avant on doublait bizarrement le l partout pour ce verbe. Les deux graphies restent acceptables ; il faut bien le dire, tout le monde ne connaît pas les Rectifications, et certains pourraient lire nous interpelons comme une faute, bien que l'orthographe rectifiée soit beaucoup plus logique...
Les verbes en –yer : alternance y/i
Prenons un verbe comme essuyer. Aux P1, 2, 3 et 6, on entend le [i] à la fin de la base : j'essuie.
Mais au P4 et 5, on entend un « i mouillé », [j] : nous essuyons. Cette différence se marque à l'écrit : comme vous pouvez le voir, la base s'écrit tantôt avec un i, tantôt avec un y.
Ceci concerne des verbes comme broyer (je broie/nous broyons), appuyer (j'appuie/nous appuyons), ennuyer... On écrira ainsi indifféremment : je paye ou je paie, il essaye ou il essaie.
Il y a une exception partielle à ce principe : pour les verbes en –ayer, on peut pratiquer cette alternance i/y, mais on peut aussi choisir la base en –y à toutes les personnes.