Est, es, ai, aie, ait

Les bons réflexes

Est-il possible que tu aies lu ma nouvelle et qu'elle t'ait choquée au point que tu ne veuilles plus me parler ?

— (E. Carrère)

Oui, quinze millions ! Je les ai, tu les as. Je te les donne. Voilà pourquoi je les ai, c'est parce que tu es là.

— (Hugo)

En français, plusieurs formes verbales se prononcent [ɛ] (prononcez « è ») : ce sont toutes des formes conjuguées des verbes être ou du verbe avoir.

Devant une forme verbale qui se prononce [ɛ], quelle que soit la personne (je, tu, il), vous devez vous arrêter un instant et vous poser deux questions :

  • S'agit-il du verbe être ou du verbe avoir ?

  • S'agit-il du présent de l'indicatif ou du présent du subjonctif ?

Méthode

Il existe quelques tests simples pour vous y retrouver :

  • Si, en changeant le temps, vous pouvez remplacer par l'imparfait c'était, il était ou tu étais, c'est le verbe être à l'indicatif, donc : c'est, il est ou tu es.

  • Si vous pouvez remplacer par l'imparfait j'avais, c'est le verbe avoir à l'indicatif, donc : j'ai.

  • Si, en mettant au pluriel, vous pouvez remplacer par nous ayons, vous ayez ou ils aient, c'est le verbe avoir au subjonctif présent, donc : (que) j'aie, (que) tu aies ou (qu')il ait.

SimulationPour vous entraîner

  • ...-il possible de prendre un café ? : était-il possible, donc : est (les autres tests ne marchent pas : *avait-il possible de prendre un café ? ; à vous d'essayez les autres !)

  • Que tu ... lu la nouvelle que j'ai écrite m'a fait très plaisir : que nous ayons lu, donc : que tu aies lu ma nouvelle.

  • Cela ne m'étonne pas qu'elle t'... choquée : que nous t'ayons choquée, donc : ait.

  • Je l'... volontairement écrite de cette manière : tu l'as écrite, donc : j'ai.

  • C'... parce que tu ... là que je te l'ai donnée : C'était parce que tu étais, donc : c'est et tu es.

Ce que dit la grammaire

Certaines de ces formes sont à l'indicatif présent, comme tu es, il est, j'ai.

Les autres sont au subjonctif présent : tu aies et il ait.

  • L'indicatif exprime ce qui est tenu pour vrai ou probable par celui qui parle ou écrit (le locuteur) : Il est certain qu'il est venu ici. Je pense qu'il est venu.

  • Le subjonctif exprime ce qui est tenu pour seulement possible, ou ce qui est envisagé à travers le jugement ou les sentiments du locuteur : Il est possible qu'il ait essayé de venirJe ne pense pas qu'il ait essayéJe regrette qu'il ait essayé - Je veux tellement qu'il ait cet examen.

La forme ait essayé est un subjonctif passé du verbe essayer. Dans la dernière phrase, ait est le subjonctif présent du verbe avoir (avoir un examen, c'est-à-dire le réussir).

Complément

On doit sans cesse se poser les questions mentionnées dans « Les bons réflexes », car ces formes sont extrêmement fréquentes !

En effet, être et avoir sont très utilisés en français, car ce sont des auxiliaires. Ils servent à conjuguer tous les autres verbes aux temps composés (passé composé : j'ai aimé, tu as prouvé, plus-que-parfait : tu avais réussi, nous avions marché, futur antérieur : vous aurez fini, ils auront baillé, etc.). Le mot auxiliaire vient du latin auxiliaris, qui signifie « qui aide » (voir le sens de auxiliaire de vie, auxiliaire puéricultrice).

À côté de leur emploi comme verbes normaux (Il est en retardJ'ai une belle voiture), les verbes être et avoir « aident » donc à former la conjugaison de tous les temps composés des verbes comme le passé composé (il est venu), le subjonctif passé (qu'il ait essayé), ainsi que la forme passive: elle est mangée.