L'accent circonflexe

L'accent circonflexe a été inventé par les Grecs, puis repris par les imprimeurs au XVIe siècle ; ceux-ci s'en servirent surtout pour signaler qu'une lettre était « tombée » : ainsi on écrivait vraîment pour rappeler un e qui existait auparavant dans l'ancien adverbe vraiement.

Certains de ces accents ont disparu aujourd'hui, mais d'autres se sont maintenus.

Remarque

Nous suivons ici les Rectifications orthographiques de 1990, qui suggèrent de ne plus employer l'accent circonflexe sur les lettres « i » et « u », sauf dans les terminaisons verbales et dans quelques mots où il est nécessaire pour la distinction entre homonymes (exemple : mûr, sûr).

Ainsi on peut aujourd'hui écrire : maitresse, croute, gite, ainé, aout... Nous n'y sommes pas encore tout à fait habitués, mais c'est ce que l'école enseigne désormais.

Quelques mots courants

Commençons par évoquer quelques termes courants, en se souvenant que l'accent circonflexe est souvent la trace d'une lettre qui a disparu.

On écrit ainsi :

  • château en souvenir du S de castellum (pensez à castel) - on écrit aussi râteau, gâteau, mais attention : bateau !

  • gîte, en souvenir de giste (issu du verbe rare gésir) - du moins, avant la Réforme de 1990, qui préconise d'abandonner l'accent circonflexe sur le i et le u - normalement, vous ne pouvez donc être pénalisés en écrivant gite.

  • un hôte et un hôpital (de hospital, pensez à hospitaliser),

  • un âne (de asinum),

  • la côte (de la mer ou de la cage thoracique), de costa - pensez à l'anglais coast ; à ne pas confondre avec la cote, de quota, qui signifie le cours d'une valeur, comme les cotes de la Bourse,

  • la tâche (à accomplir, de tasca - penser à l'anglais task), à ne pas confondre avec une tache (à effacer).

  • il a crû (= grandi), du verbe croître issu de croistre - pensez à croissance ; à ne pas confondre avec il m'a cru (= il m'a fait confiance).

  • un jeûne (une diète), à ne pas confondre avec un jeune (personne juvénile)

  • un fruit mûr (de maturum, pensez à mature) près d'un mur.

  • j'ai dû y aller, chacun son dû - l'accent sert à le distinguer de l'article du (du pain, le château du prince)

  • C'est le nôtre, le vôtre : l'accent sert à distinguer ces pronoms des déterminants notre, votre. Le déterminant se place devant un nom : c'est notre chien. Le pronom remplace un nom : c'est le nôtre.

  • Une boîte (du latin buxida) mais attention le verbe boiter n'a pas d'accent !

Voici d'autres termes courants qu'il faut connaître :

Une arête, aussitôt, bâiller, blême, un châtiment, le chômage, le contrôle, un dégât, une enquête et une quête, fêler / une fêlure.

Comment apprendre ce genre de listes ? Vous pouvez inventer vous-même une ou plusieurs petites phrases comportant le plus possible de ces mots, ou seulement ceux sur lesquels vous hésitez souvent.

Par exemple : On lance aussitôt une enquête de contrôle pour évaluer les dégâts du chômage. À vous de concevoir une phrase : c'est en la composant que vous retiendrez les mots...

Attention, contrairement à ce que l'on croit souvent, il n'y a pas d'accent circonflexe sur cyclone, atome, cime, barème, crèche, bohème, emblème !

Accent circonflexe et conjugaison : il eût ou il eut ? Fût-il ou Fut-il ?

L'accent apparaît aussi dans la conjugaison, notamment au passé simple : nous voulûmes, vous suivîtes ; ainsi qu'à la troisième personne du subjonctif imparfait (j'aimerais qu'il chantât), mais vous savez que ce temps est fort peu usité.

Toutefois, il y une différence à maîtriser parce qu'elle reste courante dans la langue : celle qui oppose il fût, il eût, il dût à il fut, il eut, il dut :

  • Les formes avec accent circonflexe sont des subjonctifs imparfait, que l'on trouve dans les trois expressions concessives fût-il le roi lui-même, eût-il les mains pleines de cadeaux, dût-il me supplier, je refuserais de le recevoir.

  • Elles entrent aussi dans la formation de subjonctifs plus-que-parfait qui servent notamment à exprimer l'irréel du passé, avec un sens hypothétique : Il eût mieux valu le prévenir tout de suite ; c'eût été un procédé plus courtois.

  • Les formes sans accent sont des passés simples : Il fut content de sa journée. Il n'eut aucun mal à la retrouver. Il dut s'en satisfaire. Eut-il des remords à cet instant ?