Pourquoi aller chercher ailleurs ?
Certains vocabulaires techniques ou spécialisés ont un fort besoin de création de mots. Selon les domaines, une langue a pu, plus rapidement qu'une autre, répondre à ce besoin de nomination, tout simplement parce que ce sont les locuteurs de cette langue qui ont par exemple inventé quelque chose, ou bien parce qu'une nation s'est distinguée dans tel ou tel domaine.
Ainsi l'anglais fournit beaucoup de noms de sports, le latin fournit beaucoup de noms de vocabulaires spécialisés comme le lexique de la philosophie (déifier, figuratif, discerner, idoine, spirituellement...), le lexique des sciences (élément, équinoxe, occident, solstice, carboncle...), le lexique du droit (accusation, exécution, révocation, libellé, succession...), de la religion (diable, église, diacre, image, céleste, confession...).
Exemple : Une jolie histoire...
On raconte que le mot bistrot serait l'adaptation du russe bistro (« vite ») et remonterait aux cosaques assoiffés occupant Paris en 1814 et qui prononçaient ce mot pour être servis plus vite. Mais cette hypothèse, très séduisante, n'est pas suffisamment fondée : le Dictionnaire historique de la langue française[1] l'écarte même, pour des raisons chronologiques, le mot bistro n'ayant fait son apparition en français qu'en 1884 (soit plus de trois quarts de siècle après 1814).
Complément : Une histoire d'import-export
Si le français a importé de nombreux termes pour se constituer, il a aussi exporté. Parfois le mot revient en France, modifié et avec un sens différent. Ainsi existait-il, en ancien français, le mot desport qui avait le sens de « divertissement ». Il existait aussi un verbe (se) desporter qui signifiait « s'amuser », « se divertir ». Le mot, revenu en France sous la forme sport, a conservé l'idée de « distraction », mais il s'y est ajouté l'idée de compétition et de règles du jeu. Il en est de même pour la « cour » de ferme passée du français à l'anglais et revenue sous la forme du « court » de tennis.