Pour aller plus loin : un peu d'histoire

Comment justifier une telle complexité des règles d'écriture des numéraux ?

La règle 2., notamment, est difficile à comprendre : qu'il y ait deux cents ou deux cent trois personnes, il s'agit toujours de plusieurs centaines !

Sachez que l'usage a beaucoup varié au fil des siècles : jusqu'au XVIIIème siècle, soit on mettait au pluriel tous les multiples de cent et vingt, qu'ils fussent suivis ou non d'un autre numéral, soit on les laissait invariables en toutes circonstances, suivant l'étymologie latine où centum et vingiti étaient invariables.

Mais, fin XVIIème puis milieu XVIIIème, l'Académie édicte la règle moderne – dont il faut bien reconnaître qu'elle est tout à fait arbitraire...

Et puisque nous parlons d'histoire : pourquoi dit-on soixante-dix, quatre-vingts, quatre-vingt-dix et non septante, octante, nonante, comme nos voisins suisses et belges, ce qui serait beaucoup plus logique ?

Il s'agit d'une survivance d'un système de compte différent. Aujourd'hui, nous comptons globalement sur une base décimale (de 1 à 10). Mais autrefois, nous comptions sur une base dite « vigésimale », de 1 à 20 : au Moyen-Age et parfois jusqu'au XVIIème, on disait : vingt et onze (pour 31), trois vingts (60), et même quinze vingts (300). Nos dernières dizaines se souviennent de ce compte !

Il existe une survivance de cette manière de compter : l'hôpital des Quinze-vingts à Paris, spécialisé dans les troubles de la vue.